Suite aux évaluations des acquis des CP CE1 du mois de septembre issues des recherches de Stanislas Dehaene, j’ai souhaité découvrir l’ouvrage « Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines » paru à la même période.

 

Stanislas Dehaene est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale, membre de l’Académie des sciences. Il préside le Conseil scientifique de l’Education nationale.

« Notre cerveau possède, dès la naissance, un talent que les meilleurs logiciels d’intelligence artificielle ne parviennent pas encore à imiter : la faculté d’apprendre.
Même le cerveau d’un bébé apprend déjà plus vite et plus profondément que la plus puissante des machines actuelles. Et cette remarquable capacité d’apprentissage, l’humanité a découvert qu’elle pouvait encore l’augmenter grâce à une institution : l’école.
Au cours des trente dernières années, d’importants progrès ont été réalisés dans la compréhension des principes fondamentaux de la plasticité cérébrale et de l’apprentissage.
Il est temps que chaque enfant, chaque adulte prenne la pleine mesure du potentiel énorme de son propre cerveau – et aussi, bien sûr, de ses limites.
Le fonctionnement de la mémoire, le rôle de l’attention, l’importance du sommeil sont autant de découvertes riches de conséquences pour chacun d’entre nous. Des idées très simples sur le jeu, le plaisir, la curiosité, la socialisation, la concentration ou le sommeil peuvent augmenter encore ce qui est déjà le plus grand talent de notre cerveau : apprendre ! » S. D

 

Voici mes notes de lecture :

Une lecture intéressante  pour tout enseignement et pour tous les enseignants.

Tout au long de son ouvrage, Stanislas Dehaene  démontre que le cerveau du bébé n’est pas une ardoise vierge, et cela dès la naissance, il a des noyaux de connaissances pour les nombres, l’espace, les objets, les personnes. Le cerveau du tout petit possède à la fois un système structuré et plastique, des circuits sont déjà en place témoins de notre évolution. Ils conférent à l’enfant des intuitions profondes dans les grands domaines du savoir. Progressivement, en manipulant les probabilités, grâce à l’expérience, le cerveau développe sa capacité d’apprentissage.

Quand le petit enfant joue, il explore des dizaines de possibilités, de chaque observation il tire une déduction, remonte à ses causes probables. Ce faisant, il se comporte comme un scientifique curieux qui formule et vérifie des hypothèses. Pendant la nuit, quand il dort, son cerveau continue le travail en répétant les expériences de la veille. Les hypothèses fausses ne seront pas conservées, celles qui marchent conservées de manière inconsciente, cela correspond à une avancée de l’apprentissage.

L’exploration, l’engagement actif, la stimulation de la curiosité jouent un rôle essentiel dans l’apprentissage. Le sommeil a un rôle clé.

 

Comment l’école peut-elle maintenir cette soif de découverte ?

L’idéal est de proposer une pédagogie structurée mais qui encourage la créativité de l’enfant en lui laissant entendre qu’il lui reste mille choses à découvrir.

Cela suppose de tolérer l’erreur.  Se tromper, c’est déjà apprendre.

L’erreur est normale, elle joue un rôle important dans l’apprentissage. Le retour  sur l’erreur accompagné de manière bienveillante par l’enseignant améliore les représentations mentales en rassurant l’élève. Le stress empêche l’apprentissage en figeant la plasticité du cerveau surtout pour les mathématiques.

 

Les quatre piliers de l’apprentissage :

  • L’attention : « Ce que je perçois, c’est ce à quoi j’accepte de prêter attention ». L’attention est la porte d’entrée de l’information, sans attention il n’y a pas d’apprentissage. A l’école pour obtenir l’attention des élèves il faut  les captiver, éviter l’ennui car on n’apprend rien en étant passif. Faire attention, c’est sélectionner donc faire un choix, donner une priorité au cerveau.
  • L’engagement actif : l’un des fondement de l’engagement actif, c’est la curiosité. Être curieux : c’est vouloir savoir, s’engager, se mettre en projet. A l’école encourager le questionnement, faire des exposés, récompenser.
  • Le retour sur erreur : Pour progresser, il faut pour commencer se tromper. Le retour sur erreur déclenche l’apprentissage. Comparer avec la réalité et corriger très régulièrement permet de s’améliorer.
  • La consolidation : Elle permet de passer d’un traitement lent et conscient à un fonctionnement rapide et automatique.

 

13 maximes pour l’épanouissement des enfants :

  1. Ne pas sous-estimer les enfants
  2. Profiter des périodes sensibles
  3. Enrichir l’environnement
  4. Les points communs : les règles d’apprentissage sont très semblables, les différences sont la vitesse d’apprentissage et les goûts de chacun.
  5. Captiver l’attention à l’école (éviter une classe trop décorée ou surchargée)
  6. Rendre l’enfant actif, engagé, autonome
  7. Faire de chaque jour un plaisir
  8. Encourager les efforts
  9. Aider les élèves à approfondir leur pensée
  10. Fixer des objectifs d’apprentissage
  11. Accepter et corriger les erreurs
  12. Consolider pour automatiser le contenu de l’apprentissage (la stratégie la plus efficace : un peu tous les jours, éviter de masser les apprentissages)
  13. Veiller au sommeil des enfants (dormir permet de consolider ce qui a été appris la veille).

 

En pratique pour la classe, ce que je retiens :

  • Repenser les programmations en répartissant les apprentissages sur un temps plus long, réactiver très régulièrement les notions de base après des temps de pause.

  • Avoir des activités ritualisées pour consolider et automatiser les apprentissages.

  • Avoir une pédagogie  structurée dynamique et active qui éveille la curiosité des élèves.

  • Organiser un cadre rassurant et avoir une attitude bienveillante (droit à l’erreur).

  • Ne pas surcharger les murs de la classe.

  • Présenter le programme des activités de la journée, les buts à atteindre.

  • Développer les exercices de pleine conscience pour favoriser l’attention.

  • Jouer : le jeu développe les fonctions exécutives, le langage, les habiletés sociales et favorise les apprentissages.

  • Tester régulièrement et souvent les progrès des élèves.

  • Rien n’est figé : s’adapter aux rythmes différents d’apprentissage des enfants, offrir des chemins différents.